Le chiffrement de bout en bout, tout le monde en parle et tout le monde en fait … Nombreuses sont les solutions de partage vous garantissant la sécurité des données et se targuant d’utiliser le chiffrement de bout en bout , ce qui n’est pas tout à fait vrai … Chez Lybero.net, le chiffrement de bout en bout ça nous connait et nous avons décidé de clarifier un peu cette notion afin de vous aider à démêler le vrai du faux !

Le monde de l’informatique (l’IT) est une jungle. Que vous soyez un utilisateur pur et dur ou bien un vieux de la vieille, c’est la même chose. Vous pouvez avoir des offres mirifiques qui apparaissent telles des comètes, certaines de ces comètes se transforment en soleil, d’autres ne font que passer. Et il est très difficile de s’y retrouver et d’anticiper. En particulier, les investissements que vous faites sont-ils ou non pérennes ? Les décideurs n’ont pas un boulot facile.

Un des inconvénients du monde informatique est aussi que dans ce monde, il n’y a pas que des techniciens. Et donc, il arrive que l’on ait des discours sur des produits qui soient très déconnectés des réalités techniques.

 Chiffrement de bout en bout : si tout le monde le propose: tout est bien qui finit bien ?

Si vous lisez les offres sur les services ou les logiciels de partage de fichiers, vous pouvez être certains (sûrs ?) que l’adjectif SÛR va apparaître. « Notre service est sûr ! Il respecte le RGPD ! … ». D’abord tous les services sont chiffrés. Tous ! Il n’y a pas d’exception. Truc Drive ? chiffré. XXXXbox ? Chiffré…. CryptnDrive (notre logiciel) est lui aussi chiffré. Tout le monde est chiffré, c’est génial.

En fait, non, ce n’est pas génial. Dans certain cas, le chiffrement est là pour vous protéger, dans d’autres il est là pour protéger celui qui offre le service des utilisateurs et aussi en partie son propre personnel. Ce n’est pas le même chiffrement !

Si vous regardez l’architecture d’un système de partage de fichiers, vous allez avoir quelque chose qui ressemble à cela:

Chiffrement de bout en bout : schema architecture de solution de partage de fichiers

Schéma représentant l’architecture d’une solution de partage de fichiers via le web

Pour tout ce qui est partage de fichiers, le web s’est imposé comme la solution universelle. Donc au minimum, les utilisateurs peuvent déposer / récupérer les fichiers via un navigateur web.

Dans les applications modernes, vous avez une partie de l’application qui est déportée dans le navigateur (ce que j’ai représenté par les 2 briques Angular ou React dans le navigateur) et même une partie de stockage tampon. Le navigateur va alors communiquer avec le site web via internet.

La première raison pour laquelle tout le monde est chiffré, est que cette liaison (notée internet sur le schéma) est aujourd’hui chiffrée de manière systématique. Les navigateurs sont proches du moment où ils refuseront de se connecter à un site sans chiffrement. C’est un premier niveau de chiffrement : le chiffrement de canal.

Ensuite, dans de nombreux systèmes, une fois le fichier arrivé sur le serveur, il est traité par un serveur d’applications et stocké. D’une manière ou d’une autre, le fichier stocké est chiffré. Ce peut être un mécanisme natif d’une base de données, ce peut être applicatif et donc c’est une clé de chiffrement au niveau de l’application qui est utilisée. Ces mécanismes ont plusieurs utilités :

  • ils permettent de garantir qu’un accès physique au support ne conduira pas à une compromission des données,
  • dans l’organisation, cela permet d’avoir des rôles séparés. Typiquement, on peut trouver des mécanismes où l’administrateur système n’a pas accès aux contenus directement, mais doit passer par un administrateur de contenus. Ce type de mécanisme de séparation de responsabilité est très pratique et permet de réduire l’exposition à des attaques internes,
  • si des clés différentes sont utilisées pour les différents contenus ou les différents utilisateurs, cela permet d’isoler les utilisateurs les uns des autres.

Il m’est arrivé de lire que certaines organisations appelaient cela du chiffrement de bout en bout. Vous chiffrez le canal et après vous chiffrez le contenu ! Non, ce sont des étapes successives de chiffrement avec des moments où le fichier est disponible sur un ou plusieurs serveurs de l’organisation sans aucun chiffrement.

 Ce n’est pas du chiffrement bout en bout.

La pierre de touche fonctionnelle pour savoir s’il y a chiffrement de bout en bout c’est : y a-t-il un administrateur dans l’organisation qui a potentiellement accès aux fichiers ? Si la réponse est oui, ce n’est pas du chiffrement de bout en bout.

La définition simple et facile de Lybero.net

Maintenant, parlons de ce qu’est le chiffrement de bout en bout. Si votre fichier est chiffré au moment où il est téléchargé et que seules les personnes à qui un accès explicite a été donné peuvent y accéder, alors c’est un chiffrement de bout en bout. Cela peut être fait ou avec un programme intégrant ces fonctions (pgp, gpg, whatsapp sur mobile, …) ou bien en javascript à l’intérieur d’une page web. C’est ce que nous faisons dans CryptnDrive. De cet manière l’administrateur système n’a à aucun moment la possibilité accèder aux contenus. Le chiffrement de bout en bout joue donc un rôle important dans la protection contre les menaces internes et la fuite de données.

La question de l’accès des administrateurs aux contenus gérés est en train de devenir une question importante. Il y a toute une catégorie de logiciels dédiés à la gestion des comptes à privilèges qui est apparue. Ces logiciels permettent la gestion des accès et l’enregistrement des opérations pour pouvoir faire des vérifications ultérieures. Cependant aussi intéressant que soient ces logiciels, si une information importante a fuité à cause d’un administrateur système, elle a fuité. Être capable d’identifier la source de la fuite est intéressant et rassurant, mais malheureusement c’est trop tard. Donc la meilleure manière de faire cela est que l’administrateur système n’est pas accès du tout aux contenus. D’où l’intérêt du chiffrement de bout en bout.